La DGSE, source d’inspiration pour la série Bureau des Légendes
Revenons ensemble sur la naissance du Bureau des Légendes et sur les ficelles qu’Éric Rochant a su tirer pour se servir de la DGSE comme berceau pour sa série de renommée mondiale au cours de différentes interviews.
La série télévisée française « Le Bureau des Légendes » a été créée et développée par Éric Rochant. Bien que la série soit une œuvre de fiction, elle s’inspire de recherches approfondies et d’une volonté de donner une représentation réaliste du travail des agents de la DGSE (Direction Générale de la Sécurité Extérieure), les services de renseignement français.
Eric Rochant, créateur du BDL et son rapport au monde de l’espionnage
La naissance du Bureau des Légendes : du “désir de raconter la DGSE”
Le Bureau des Légendes est né d’une idée de titre. Puis, le réalisateur s’est demandé “à quoi pourrait correspondre ce titre ?”. Le contexte des services de renseignements s’est rapidement imposé.
“L’idée c’était que le travail des services secrets, c’est beaucoup plus du bureau que du terrain. Et le terrain est dirigé par le bureau. […] Il y a même des services qui se projettent sur les actions du terrain et leurs conséquences du 20 ou 30 ans […] pour essayer d’anticiper les menaces.”
Les Légendes, comment raconter un métier secret
Il y a d’une part l’idée du bureau donc, d’autre part l’idée des “légendes”. Là-dessus, Eric Rochant pense à ce travail de longue haleine qui consiste à créer de toutes pièces des identités fictives solides.
“On sait que les espions travaillent sous une identité fictive, sous couverture. Ces couvertures peuvent être des légendes, des légendes lourdes. L’identité doit parfois totalement être recomposée, même le passé. L’idée c’est que si un agent part en mission longue, comme le personnage de Malotru, c’est un étranger. […] Comme la Syrie est un état policier, n’importe quel étranger va être contrôlé et il va y avoir des enquêtes sur lui.”
La fabrication de la Légende doit donc passer par la fabrication de ce passé. Il faut que les infos puissent suivre au niveau numérique, il faut reconstruire une vie comme si elle avait été vécue et que cela soit vérifiable.
“Cette licence professionnelle pour mentir, c’est assez fascinant”, déclare le showrunner.
Il précise qu’il n’aurait pas pu créer cette histoire sous forme de film. Pour lui, cette série est née d’un “désir de raconter la DGSE” avec le format qui est fait pour ça. La série permet, selon lui, de profiter de l’avantage de la longueur : il y a le temps de raconter les choses compliquées.
Il explique que la série fonctionne très bien pour développer les personnages et les situations : c’est le format idéal pour décrire un métier.
La DGSE consultée directement pour réaliser le Bureau des Légendes
Le rapport entre Eric Rochant et la DGSE : entrer dans l’antre du secret
Au tout départ, Eric Rochant a demandé à la DGSE les autorisations nécessaires pour réaliser la série du Bureau des Légendes. Il fallait bien en passer par là, par respect, mais aussi pour pouvoir utiliser les logos officiels.
L’accueil était assez froid au départ, mais Rochant a su tirer les ficelles de son jeu. Il faut dire que Les Patriotes, l’une de ses créations précédentes, est projetée par les instructeurs de la DGSE pour donner une base de discussion sur certains thèmes.
Une fois la confiance établie, Eric Rochant, accompagné de certains membres de son équipe, a pu visiter quelques parties des locaux officiels “sans téléphone, sans appareil photo, sans rien”.
Quand la série est sortie, la DGSE a apprécié. La série est loin de les ridiculiser, elle les raconte, elle les présente comme des gens tout à fait normaux, ce qui semble plaire.
La série parvient ainsi à servir de liant entre un public désireux d’en apprendre toujours plus sur ce contexte attractif du monde de l’espionnage, et une organisation qui vit, par définition, dans le plus grand secret et la non-communication de ses agissements pour le bien commun.
Si l’accueil était plutôt mitigé de prime abord du côté de la DGSE, la relation se lisse voire se fortifie au fur et à mesure que la série avance et que les épisodes sont diffusés.
Aujourd’hui avec le recul, la DGSE y voit aussi son intérêt. Depuis les débuts de la diffusion de la série, de plus en plus de jeunes candidatent.
L’institution cherchant à recruter, la série d’Eric Rochant est tombée à pic. Les dirigeants de la DGSE ont admis eux-mêmes qu’ils n’auraient pu mieux redorer l’image du service que par cette série.
La DGSE, l’une des consultantes pour les scénaristes de la série
Grâce à cette relation de confiance née entre Eric Rochant et les services de la DGSE, la série a bénéficié des consultations directes de l’institution pour gagner encore en crédibilité, même si, évidemment, le cœur de métier et la technique devaient rester secrets.
S’il est difficile de savoir à quel niveau d’information le réalisateur a eu accès, il a pu régulièrement consulter la DGSE afin de vérifier si certaines situations pouvaient être possibles dans un contexte réel.
“On arrive à avoir les informations, évidemment pas des informations secrètes, mais tout ce dont on a besoin pour imaginer notre histoire.”
Eric Rochant avoue aussi s’être inspiré littéralement des personnages, des attitudes, des méthodes aperçus lors de ses quelques rencontres avec les dirigeants de la DGSE, ce qui lui a aussi servi de socle pour créer.
Par ailleurs, la DGSE qui recrute sans arrêt a bénéficié de la réussite de la série auprès du grand public.
Un contexte réaliste grâce aux personnages et aux acteurs
Les visites à la DGSE ont permis rapidement à Rochant d’assimiler l’idée qu’après tout, même si leur métier est extraordinaire, les agents sont des gens ordinaires. Ils ont chacun leur personnalité, leur caractère, leurs affinités, leurs travers.
“On prend n’importe quel personnage et on les met dans une situation qui, elle, va influer sur leur développement.[…] Il suffit d’avoir du bon sens et d’être rationnel pour que ça fonctionne.”
Le casting a aussi grandement joué sur le réalisme, le choix des acteurs donne vie aux agents de la DGSE tels que Rochant les a pensés. D’après le showrunner, il faut des gens qui aient du charisme et qui ont aussi une certaine opacité pour qu’on ne se lasse pas d’eux au bout de la quatrième ou cinquième saison.
En mettant le personnage dans une situation nouvelle, il faut que les acteurs parviennent à montrer ce qui se passe dans la vraie vie : des gens qui se redécouvrent eux-mêmes et qui sont encore plein de surprises au fur et à mesure qu’ils traversent des crises.
Le travail de documentation impressionnant des scénaristes du Bureau des Légendes
Les équipes de scénaristes du BDL ont aussi fait un travail impressionnant pour documenter et vérifier les informations utiles pour créer un contexte fiable et encadrant pour la série.
Pour Eric Rochant, il faut évidemment se tenir au courant des actualités, se renseigner sur internet, regarder des documentaires… Mais ils ont aussi eu la chance de pouvoir rencontrer des experts.
Le créateur de la série donne des exemples : “Sur l’Iran, on a pu faire venir dans notre salle d’écriture des gens qui connaissaient très bien la jeunesse dorée Iranienne par exemple, pour nous parler de comment c’était. On a travaillé avec Hugo Micheron sur certaines thématiques, en particulier sur la façon qu’ont les djihadistes de parler, sur le langage spécifique…”
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Une escape room conçue avec l’aval de la DGSE
Le saviez-vous ? Nous avons nous aussi consulté la DGSE lors de la création de notre escape game Le Bureau des Légendes afin de ne pas proposer un scénario trop proche de la réalité.
Plus de 5 scénarios ont été présentés à la direction : parmi ceux-ci, seul celui qui est actuellement proposé en jeu a été validé !
Pour pousser encore plus le réalisme et le lien avec la série, les décors du plateau du Bureau des Légendes ont été récupérés et vous rapprochent encore plus de l’univers d’Eric Rochant.
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